MISSISSIPPI BIGFOOT : Population Unknown (2015)
Ce disque a été enregistré dans les légendaires Ardent Studios de Memphis et quand on l’écoute, on comprend pourquoi. Tout l’esprit et le feeling de la musique de Beale Street suintent de cette très bonne galette. C’est la voix rauque, puissante, gorgée de soul et emplie d’émotion de la chanteuse Christiana Vierra qui frappe en premier. Même si son nom ne s’étale pas dans les magazines, ce n’est pas la première venue. En effet, elle a bossé sous contrat avec la firme Warner Bros pour superviser les arrangements vocaux de grandes vedettes (comme Aretha Franklin ou Madonna). Donc, côté chant, on peut lui faire confiance et cela s’entend. Les autres musiciens ont traînés sur toutes les scènes de Memphis, connaissent toutes les recettes du blues et ne sont pas des débutants. Tout cela donne un album très agréable qui effectue un retour aux sources de la « blue music ». « Burn that woman down », avec sa très belle intro en slide, nous plonge dans une ambiance « swamp rock » avec un refrain pêchu. « Mighty River », qui commence avec la voix de Christiana et une mandoline, s’oriente vers un « country blues » dynamique avec une guitare aux sonorités sudistes sur le break. « Wag the dog » (un rock énervé avec des montées et des descentes de tempo) et « Who’s gonna run this town » (un rock-blues au tempo médium) tirent aussi leur épingle du jeu. Sur « Clarksdale », le blues revient en force avec un solo d’harmonica baveux à souhait et un bon solo de gratte. La voix de Christiana Vierra illumine le slow bluesy « You did » de ses intonations à la Janis Joplin tandis que « The hunter » (un shuffle efficace) laisse échapper une guitare aux accents Dickey Betts. Ce disque comblera donc sans problème les amateurs de bonne musique. Avec Mississippi Bigfoot, le blues a encore de beaux jours devant lui !
Olivier Aubry